Un tribunal a tout récemment conclu à la responsabilité de l’entreprise Renault à propos du suicide d’un de ses salariés sur le site de Guyancourt dans la région parisienne. Renault prétendait évidemment que le geste de cet ingénieur avait des raisons purement personnelles.
Comme pour les quatre autres suicides d’employés du même site qui compte 12 000 salariés. Comme ce que disent tous les patrons lorsqu’un tel drame se produit parmi leur personnel. Comme ce que prétendait aussi le PDG de France-Télécom, alors qu’en quelques années cette entreprise avait connu près d’une trentaine de suicides à travers toute la France. Celui-ci a quand même dû finalement démissionner. Bien sûr quand quelqu’un met fin à ses jours cela révèle certainement une fragilité personnelle. Mais quand c’est un salarié et que de plus il se donne la mort sur son lieu de travail, il est difficile de prétendre que les problèmes rencontrés au travail n’ont joué aucun rôle.
Ne soyons donc pas dupes de ce qui se dit à propos de la mort horrible, il y a quelques jours encore, d’un ingénieur cadre dans l’usine Constellium (le nouveau nom d’Alcan) à Issoire. Retenons surtout que ce cadre, en plus de ses problèmes personnels, a craqué à cause de ceux qu’il rencontrait aussi dans l’usine, pris en tenaille entre la pression de son équipe avec laquelle il s’entendait mal , dit-on, et la pression de la direction qui s’en servait… pour faire pression justement sur cette équipe.
Et retenons surtout que cette pression qui s’est accrue encore ces dernières années n’épargne pas plus les cadres ou les chefs que les employés ou ouvriers. Les patrons n’ont pas plus de considération pour les uns que pour les autres. L’attitude de Renault, d’Alcan ou de France-Telecom dans ces affaires le montre. A leurs yeux, cadres ou pas, notre vie n’a d’importance que tant qu’elle leur sert à faire leur profit.