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Comprendre l'Ecosocialisme et ses enjeux (à partir de textes d'Alexandre Raguet : militant du NPA 86)

voir le texte intégrale ici :

http://www.npa86.org/spip.php?article2612&artpage=6-6

 

 

Introduction :

 

Les questions écologiques et sociales sont éminemment présentes dans notre société. Les crises qui s’abattent sur nous aujourd’hui, qu’elles soient sociales, économiques, écologiques, climatiques ou environnementales, doivent faire l’objet d’une réflexion approfondie afin d’apporter des solutions pour la résolution de ces crises, tout en permettant à l’humanité d’améliorer son sort. Améliorer le sort de l’humanité nécessite de se placer du côté du plus grand nombre, des 99% comme le disent les Indignés aujourd’hui. Pourquoi nous placer de manière nécessaire du côté du plus grand nombre ? Parce que l’un des constats que l’on peut faire, c’est que les crises que nous vivons sont l’œuvre de la minorité qui domine le monde. De là, comment faire confiance à ceux qui nous étouffent pour nous mettre soi-disant sur la bonne voie ? Quels aspects objectifs nous feraient croire, d’ailleurs, que la classe dirigeante pourrait changer ses manières de faire en termes d’écologie, d’économie et de social, alors que justement leur suprématie de classe se trouve dans l’exploitation, la concurrence et la marchandisation des ressources naturelles ?

 

Le constat semble évident : les crises sont telles qu’il faut y remédier radicalement en ne faisant confiance qu’en notre camp social. L’idée de mon analyse réside en ce que j’ai énuméré ci-dessus et en la manière de mettre en place une autre politique. Il s’agit de revenir sur les différentes crises et d’essayer de comprendre les causes de ces dernières. Quel est l’état de la crise écologique aujourd’hui (climatique, environnementale, alimentaire…), quels solutions sont possibles ? Peut-on mener une politique écologique sans la lier à la question sociale et démocratique, sans la lier à une critique du capitalisme libéralisé, de la mondialisation capitaliste ? Peut-on envisager une sortie des crises avec une politique protectionniste, chauvine, qui ne prenne pas en compte les dimensions internationales ? Comment comprendre l’emboitement entre socialisme, internationalisme, écologie, démocratie ?

 

J’ai fait le choix de découper mon texte en trois temps forts qui joueront les rôles de chapitres, eux-mêmes divisés en parties. Il m’était compliqué d’envisager une argumentation libre sans structuration alors que justement la cohérence de cette argumentation réside en l’entremêlement des différents éléments. Avant lecture il est primordial de comprendre que chaque chapitre ou sous-partie ne peut être déconnecté du reste de l’argumentation. C’est l’essence même de toute la démonstration qui en découle.

 

I- La nécessaire politique écologique.

 

1. Crises écologique : racines et idées reçues.

 

Tout le monde semble être conscient que nous vivons une crise écologique importante et qu’il est nécessaire d’engager une alternative politique en ce sens.

 

Le réchauffement climatique est une réalité et les conséquences qui en résultent se font déjà ressentir. La montée des eaux a commencé. Si certaines prévisions (pas les plus alarmantes) s’avèrent justes, des villes comme Londres, ou l’ensemble des Pays-Bas pourraient se retrouver sous les eaux. La disparition de plusieurs espèces d’animaux aussi ne cesse de s’accroître avec des conséquences de déréglementation sur l’écosystème. L’abeille par exemple est une espèce menacée qui, si elle venait à disparaître, remettrait directement en cause la possibilité naturelle de reproduction végétale. La désertification (la propagation des déserts et l’augmentation des sécheresses) s’amplifie, notamment en Chine, et le Sahara pourrait atteindre la ville de Rome !

 

Au-delà du ton alarmiste de mes propos dans le premier paragraphe, je souhaite montrer les difficultés à surmonter les crises écologiques qui « s’offrent » à nous. Surtout que la combustion d’énergies fossiles, la création importante d’énergie nucléaire, la coupe de forêts entières, la pêche intensive… tout cela continu de plus belle. En fait, le système capitaliste, basé sur l’accumulation de profits, ne peut vivre sans faire de tout ce qu’il y a sur la planète une valeur marchande, afin de vendre ensuite ces marchandises et d’accumuler des richesses et des profits. Cette idée de l’accumulation de richesses appui sur deux aspects que l’on peut facilement remarquer : la nécessité de produire en masse, d’où le productivisme ; et la nécessité d’innover, de créer de nouvelles choses, d’où l’idée de rendre nécessaire ce qui ne l’est pas (avec la publicité notamment). La voiture fonctionnant au carburant fossile par exemple n’avait rien de nécessaire, elle est aujourd’hui reconnue par tous comme indispensable alors que d’un point de vue rationnel, c’est le moyen de transport qui est indispensable. Il faut comprendre que le capitalisme mène une politique anti-écologiste non parce qu’il est foncièrement mauvais, mais parce qu’il est amoral. Il se fiche de savoir si l’extraction des gaz de schiste est écologiquement désastreuse, ou si la combustion du gasoil est mauvaise pour la santé, puisque son objectif n’est pas le maintien de la vie sur terre, mais l’accumulation de richesses, de marchandises, puis de profits. On constate donc des contradictions évidentes au sein même du système capitaliste ou plutôt dans la logique capitaliste. La première, c’est que vivant essentiellement de l’exploitation de l’homme, du prolétaire (qui ne possède que sa force de travail), il a intérêt à ce qu’il soit en bonne santé pour mieux produire et en plus grande quantité. Or, aujourd’hui, le capitaliste fait travailler l’homme à la constitution de forces que l’on peut qualifier de « destructives », comme le nucléaire par exemple.

 

Autrement dit, le capitaliste, afin de s’enrichir, prend le risque de porter atteinte à la force qui lui permet de s’enrichir, le prolétariat. Le capitaliste va même plus loin, puisqu’au fond, il remet en cause sa propre existence, si l’on part du principe qu’une catastrophe nucléaire n’éviterait pas, par soucis de conscience de classe, de tuer les capitalistes.

 

Nous constatons donc que la crise écologique ne peut pas se régler dans le système capitaliste. Ou plutôt, soyons plus exacts, que les capitalistes eux-mêmes n’ont aucuns intérêts capitalistiques à sortir de l’ère productiviste et marchande. Lorsque l’on a compris cela, il faut avoir en tête l’idée que la société écologiste que nous souhaitons ne peut être qu’anticapitaliste. Mais attention à ne pas inverser la phrase dans l’autre sens : la société anticapitaliste que nous souhaitons ne peut être qu’écologiste. C’est l’enchaînement ne peut être que qui nous intéresse ici. Il ne faut pas le comprendre comme une question de volonté, car c’est vrai, nous souhaitons un anticapitalisme écologiste, mais comme une nécessité pour l’élaboration de notre anticapitalisme. En effet, des anticapitalistes prônent le productivisme ou la croissance absolue, et défendent le nucléaire et les chantiers de LGV au nom du progrès par exemple. Cela fait-il d’eux des capitalistes ? Bien sûr que non, mais nous nous plaçons en opposition frontale à leur attachement à l’idée de croissance absolue. Pourquoi ? Parce que justement l’anticapitalisme qui défend le productivisme est empreint aux mêmes contradictions que le capitalisme sur la question du maintien de la vie sur Terre. C’est ce qui, historiquement, représente une faiblesse importante dans le mouvement marxiste et ouvrier, et particulièrement en URSS, qui bien que non capitaliste, a mené une politique littéralement anti-écologiste. Parce qu’au fond, la question que l’on doit poser c’est « à quoi bon lutter pour le socialisme si l’on est incapable de le vivre ou si l’on est forcé de le faire avec la maladie ? ». En effet, à quoi bon ? Il faut répondre à cette question, « à rien ! ».

 

2. L’idée d’une écologie planifiée démocratiquement.

 

La croissance n’est pas la boussole des éco-socialistes (combinaison du socialisme et de l’écologie). Nous estimons qu’un niveau incroyable de richesses existe déjà et qu’elles doivent préalablement être partagées. Suffisamment de richesses existent par exemple pour nourrir toute la planète. C’est pour cela que nous plaçons au centre de notre projet la question de la satisfaction des besoins des populations. A partir de cela, essayons de comprendre collectivement l’intérêt d’une planification écologique. Pour aller un peu plus loin, il faut intégrer la notion d’économie planifiée. S’il est nécessaire de définir de manière démocratique (avec la participation et la consultation chronique des populations et des travailleurs) les choix économiques de chacun, c’est parce que nous constatons que l’économie libérale n’est pas régulable et qu’il est donc impossible avec elle de mettre en place des choix politiques à moyens et longs termes dans un souci d’efficacité sociale et écologique.

 

Fixons nous d’abord quelques objectifs logiquement compréhensibles comme prioritaires : d’un côté écologique, la réduction massive des gaz à effet de serre, la sortie du nucléaire ; et d’un côté social, un logement pour tous, une juste distribution des denrées alimentaires (il y a énormément d’autres choses à faire mais il s’agit de donner là quelques exemples concrets). A partir de là, nous nous apercevons qu’il est nécessaire d’avoir un plan politique détaillé et rationnel. Nous ne pouvons pas laisser au hasard du libéralisme économique et à la main invisible d’Adam Smith, le loisir de peut-être un jour (sic !) régler la question de manière positive, alors que l’Histoire nous montre que ce système, par nature, est fait de crises à répétition emmenant parfois à des scènes apocalyptiques comme celle de la Seconde Guerre Mondiale. Nous avons en fait besoin d’un système placé sous l’intervention humaine collective (politique) de manière démocratique. Si nous voulons sortir du nucléaire par exemple, il faut exproprier les grands groupes comme Areva, et cela est contraire au libéralisme et au capitalisme qui refusera un contrôle de l’entreprise par l’Etat ou par les travailleurs du groupe puisque cette idéologie a dans ses gènes la volonté chronique de s’enrichir et prône la disparition de l’Etat pour laisser place à la concurrence libre et non faussée.

 

Il est essentiel de comprendre que la nature même d’un système économique, social et politique se combine avec les objectifs concrets que l’on se fixe. Il est essentiel, aussi, de comprendre que trois nécessités s’imposent : 1. Le maintien de l’écosystème et de la vie au sens biologique, 2. L’épanouissement de l’individu et de l’humanité au sens collectif, et 3. L’émergence d’un véritable vivre ensemble démocratique. Aucun système de cette graine n’a jamais existé, mis à part peut-être les sociétés primitives, communistes en quelque sorte, mais qui évacuaient la question démocratique. Assumons alors l’idée d’utopie. L’utopie c’est ce qui n’a jamais existé et qui a un caractère positif. Il s’agit dans notre démarche d’expliquer que l’implication des populations dans les démarches politiques est indispensable. Nous pourrions pourtant expliquer, par souci de facilité, ou d’efficacité simpliste, qu’un chef éclairé et radicalement social, détenant le pouvoir absolu, serait en mesure de mener à bien les positions que je défends depuis le début de mon texte. Certains pourraient même penser qu’il est impossible d’élaborer une politique efficace si l’on décide d’intégrer l’ensemble des populations dans les choix qu’il est nécessaire de faire. Ceux-là raisonnent sans une considération éminemment précieuse permettant de comprendre notre positionnement stratégique. Il s’agit de donner l’entier pouvoir aux populations, donc, aussi, le pouvoir de revenir sur ses erreurs. Quel individu, quel peuple, s’infligerait lui-même des tortures ? La stratégie consiste en la détermination d’intérêts communs, et de pouvoirs politiques communs totaux. En fait, avec la logique d’un pouvoir total de décision par les peuples, il est de l’ordre de la rationalité de croire que l’instinct de survie de ceux qui détiennent ce pouvoir, combiné à des besoins et désirs communs, représente la satisfaction de l’intérêt général, de la justice sociale et de l’efficacité à moyen terme. De là, un système de régulation se met en place et si une décision appliquée s’avère mauvaise, elle sera automatiquement modifiée par une autre décision répondant aux nouveaux critères objectifs généraux de la situation, c’est-à-dire en quelque sorte, l’accumulation des subjectifs rassemblés par des dénominateurs sociaux et écologiques communs. En effet, mieux vaut prétendre à l’auto-émancipation collective en misant sur la potentielle erreur humaine rattrapée par l’intérêt collectif, plutôt que de miser sur l’impossible homme ou groupe parfait qui déciderait de tout pour tous en ne se trompant jamais.

 

II- Répondre aux besoins sociaux des populations

 

1. Inégalités sociales entre les pays et entre les hommes.

 

Le capitalisme poussait à son extrême oblige les bourgeoisies nationales à sortir des frontières pour conquérir de nouveaux marchés, pour exploiter de nouvelles ressources naturelles, de nouveaux peuples et de nouvelles terres. Une bourgeoisie d’un pays riche ne pense pas à coloniser un autre pays riche, puisque les classes ouvrières de ces pays sont parvenues dans le passé, comme en France, à obtenir tout un tas d’acquis sociaux qui coûtent à la bourgeoisie, et parce que les bourgeoisies des pays riches exploitent déjà presque toutes les capacités des dits pays. Ils vont alors dans des pays qui ne connaissent pas la démocratie, chez les peuples « indigènes » non civilisés comme ils disent. Cette démarche d’élargissement du capitalisme à toute la planète s’appelle l’impérialisme, son application s’est faite avec le colonialisme au cours du 19ème et du 20ème siècle, et par le néo-colonialisme de nos jours. Le néo-colonialisme consiste à ne pas prendre le pouvoir politique dans les pays du Sud (pour simplifier), mais à priver ces pays de toutes les ressources qu’ils possèdent en les exploitants, les volants et en corrompant les pouvoir en place qui sont souvent des dictatures à la botte du libéralisme économique. A partir de ce constat, on comprend mieux la fracture sociale, économique et démocratique entre les pays du Sud et les pays du Nord. Comme dans la lutte entre prolétaires et bourgeois, les bourgeois luttent entre eux pour s’accaparer la plus grosse part du gâteau. Cela implique une pauvreté des populations encore plus accrue dans les pays les plus pauvres économiquement.

 

Ces différences socio-économiques profondes existent avant tout entre les hommes de tous les pays. En fait, les véritables frontières sont des frontières sociales. Les pauvres des pays du Sud sont, avant d’être des habitants des pays du Sud, des prolétaires, des exploités. Ils sont plus pauvres parce qu’ils ont la malchance d’être dans des pays colonisés. Cependant, les habitants des pays riches sont eux aussi exploités et volés. L’explosion du chômage, de la vie chère, de la baisse des salaires, de la diminution des prestations sociales impliquent une dégradation important du niveau de vie des prolétaires des pays du Nord. Marx avait expliqué le vol dans le salariat en découvrant la plus-value, c’est-à-dire la richesse produite par un travailleur au-delà de la richesse produite payée. Ce qu’il démontre, c’est qu’une part de la journée de travail est du travail gratuit et que c’est sur ce vol que le patron s’enrichit. L’on appelle cela l’exploitation. Le patron, en fait, ne peut augmenter son capital que sur l’appropriation du travail non payé qu’il fait faire à ses ouvriers. Dans l’Histoire, le mouvement ouvrier des pays du Nord a conquis des droits sociaux (ceux-là ne sont pas uniformes à tous les pays) comme l’instauration d’un salaire minimum, d’un nombre d’heures de travail maximum par jour ou par semaine, l’arrêt du travail des enfants, des semaines ou des jours de congés payés, l’obtention du droit de grève…etc. Aujourd’hui, ces droits sont littéralement remis en cause. Le capital, avec l’action des Etats (à la botte des bourgeoisies puisque conçues pour maintenir l’ordre actuel) tente de revenir sur tous ces acquis, en augmentant les impôts les plus injustes comme la TVA, en voulant mettre fin aux 35 heures, en voulant revenir sur l’idée de salaire minimum, en réduisant les parts des cotisations patronales dans les cotisations sociales…etc. La classe capitaliste mène une offensive de taille contre le monde du travail.

 

Nous nous retrouvons donc dans une configuration de véritable guerre sociale. Deux camps s’opposent, à des échelles différentes. D’abord dans la lutte anticoloniale, où des pays exploités doivent tout faire pour se débarrasser du joug impérialiste. Puis à l’échelle sociale, où les prolétaires doivent se débarrasser de leurs chaînes afin d’accaparer le pouvoir et d’instaurer une économie sociale et une réelle démocratie. Nous constatons aussi que le camp exploité représente 90% de la population mondiale alors que le camp exploiteur possède 90% des richesses et des pouvoirs. Il faut oser le dire maintenant, la classe capitaliste et son système ont fait leur temps ! Nous ne pouvons pas nous débarrasser de la misère sociale, de l’exploitation, de l’injustice sans nous débarrasser du capitalisme. Dans la même optique que sur les questions écologiques, nous nous rendons compte que le système capitaliste marche sur la tête. Les contradictions sont trop fortes pour que le système perdure surtout que les crises actuelles accentuent les phénomènes de guerre de classes. Les antagonismes de classes installent une instabilité constante basée sur les inégalités, la misère, l’absence de démocratie ou même l’exploitation. L’erreur réside en la croyance que les véritables camps opposés seraient nationaux ou raciaux… Les 99% de la population exploitée représentent l’avenir politique de l’humanité et il est grand temps de mettre en avant les intérêts de la classe laborieuse internationale afin de créer l’unité la plus large.

 

2. Pour une juste répartition des richesses.

 

La lutte contre les inégalités implique une juste répartition des richesses. Nous avons démontré dans la précédente partie que les sorties de crises impliquent de sortir du système de l’exploitation afin de trouver l’épanouissement individuel de tous et la stabilité économico-sociale. Pour commencer, traitons de la dimension mondiale. Nous avons déjà expliqué qu’il fallait mettre fin à l’économie capitaliste mondialisée afin de permettre l’autosuffisance, ou l’autonomie, des continents, des pays, des régions ou même des communes en ce qui concerne les besoins élémentaires comme les denrées alimentaires, l’eau, le confort minimum (le logement et le chauffage par exemple). Ces revendications peuvent paraître déconnectées de la question internationale, pourtant, elles en découlent directement. L’eau par exemple manque de manière vitale dans des régions comme la Corne de l’Afrique. En revanche, dans un pays comme la France, l’eau est gaspillée. C’est la même chose avec la nourriture, un manque flagrant dans les pays du Sud et du gaspillage dans les pays du Nord. La solution est alors simple : il faut mieux répartir les richesses entre les différents pays. Dans un premier temps, partager ce qui est produit, dans un second temps réduire la production des pays du Nord pour ne produire que le strict nécessaire et dans ce même second temps, permettre au pays du Sud de produire eux-mêmes ce dont ils ont besoins, en offrant tous les brevets nécessaires afin que cette production soit écologique. Nous reviendrons dans une future partie sur les solutions que nous préconisons. Attelons-nous ici à démontrer que le partage des richesses au niveau mondial est indispensable.

 

Notons aussi que d’un point de vue capitaliste, ce partage des richesses n’a aucun lieu d’être, au contraire, il s’agit d’une mesure anticapitaliste ! C’est en ça, d’ailleurs, que la lutte écologique est réellement révolutionnaire. Elle va à l’encontre de la logique capitalistique. Nous avons déjà démontrés cela mais il est toujours bon de le rappeler quand même, car ce texte, et la lutte pour le socialisme et l’écologie radicale n’a aucun intérêt si l’on ne comprend pas que la classe dirigeante sera automatiquement sur notre chemin lorsque l’on décidera de prendre ce genre de décisions. Il s’agit pour elle d’un instinct de survie et elle est prête à tout pour nous empêcher d’agir, même de nous imposer des guerres ou des régimes fascistes. La guerre… là aussi il s’agit d’une question internationale. Les guerres existent pour les capitalistes justement pour relancer leur économie, par la reconstruction de tout ce qui est détruit par la dite guerre.

 

Comme je l’ai écrit plus haut, le capitalisme est amoral, il est prêt à tout pour survivre : il faut alors l’abattre. L’un des outils permettant de détruire le système capitaliste se trouve dans le développement des révolutions nationales, qui permettront d’affaiblir l’ordre mondial existant, mais toujours dans un souci d’efficacité, jamais par chauvinisme. Une révolution ne peut exister sans une division des bourgeoisies et donc sans un affaiblissement extraordinairement conséquent des classes dirigeantes.

 

Le juste partage des richesses est aussi une revendication essentielle dans les pays du Nord, à l’échelle d’un pays ou non, mais dans le cadre des frontières que l’on appelle sociales. La réduction du temps de travail, l’augmentation des salaires et des pensions, la gratuité des besoins élémentaires, comme les transports en commun ou la santé, font parties de mesures permettant à la fois d’améliorer la vie des populations les plus démunies, d’affaiblir le pouvoir des bourgeoisies et de donner des cadres de mobilisations permettant d’emmener des pans entiers de la population dans des luttes d’abord concrètes sur des sujets précis, mais des luttes qui sont directement liées à la lutte globale contre le système. Nous pouvons appeler cela des mesures transitoires d’urgence. Là encore, la démocratie est un facteur prioritaire. Nous partons du principe que les revendications d’urgence mises en avant concernent la grande majorité de la population. A partir de cela, nous sommes d’accords pour dire que la mise en place de telles mesures serait juste socialement. Il faut alors être capable de faire travailler un maximum de personnes à l’élargissement et à la popularisation de ces idées qualifiées de justes.

 

III- Les différentes réponses politiques aux crises socio-écologiques.

 

1. La tentation protectionniste.

 

Nombres d’intellectuels qui travaillent sur la question de l’écologie sombrent dans les eaux peu claires du protectionnisme. Cette vision de la société idéaliste qui se situerait derrière des frontières découle d’une mauvaise lecture de la mondialisation. En effet, ces derniers défendent la thèse que la crise écologique serait le fruit de la mondialisation. Les remèdes protectionnistes, de « démondialisation » ne résolvent rien et sont alors victimes du mauvais diagnostique effectués par nos médecins écolo-chauvins qui prescrivent une chimiothérapie à un séropositif. Disons, pour ne pas trop faire passer les protectionnistes pour des idiots, que notre séropositif a tout de même un cancer… Nous l’avons donc compris, ils ne soignent alors le malade qu’à moitié parce que la mondialisation n’est pas le problème de fond de la crise écologique.

 

Le problème, c’est que nous mélangeons souvent les termes. La mondialisation est aujourd’hui régie sous la domination capitaliste, ce qui donne à cette dernière une dimension désastreuse puisqu’elle permet au capitalisme de détruire l’ensemble de la planète, jusque dans les territoires les plus reculés des Andes ou de l’Himalaya. Mais la mondialisation ne porte pas la destruction de la planète dans ses gènes, il s’agit plutôt du capitalisme ou tout au moins du productivisme (les systèmes bureaucratiques d’URSS ont aussi mis en place une politique productiviste sans être capitalistes). Nous l’avons déjà démontré, le capitalisme est la véritable cause de la pollution. Mais c’est vrai qu’assemblé à la mondialisation, le capitalisme détériore la planète plus rapidement. Cependant, nous sommes confrontés à une problématique, que défendent les dé-mondialistes ? Un capitalisme national, propre, social, moral, respectueux des autres, tenu à la laisse quoi ? Mais pourtant, nous savons que le système capitaliste n’est ni national, ni propre, ni social, ni respectueux des autres et qu’on ne peut certainement pas le tenir à la laisse ! Les dé-mondialistes défendent alors le socialisme dans un seul pays ? Comme notre bon vieux Joseph qui, comme nous le savons, a créé en URSS un paradis terrestre aussi bien au niveau social qu’au niveau écologique… Et si, au fond, la mondialisation était une solution à la crise écologique ? Nous verrons dans la prochaine partie qu’il y a du vrai dans cette affirmation qu’il faut tout de même nuancer.

 

Mais essayons quand même de comprendre en quoi le protectionnisme peut avoir un intérêt dans une société écologique. Le principe de mondialisation est intéressant à analyser en écologie. Lorsque l’on parle de mondialiser la démocratie, de mondialiser une planification économico-écologique, nous nous situons dans une démarche d’efficacité. Aujourd’hui, le système despotique qu’est le néo-libéralisme se situe aussi dans une démarche d’efficacité : pour mieux exploiter les travailleurs, plus facilement s’enrichir, polluer, diviser. Mais alors peut-on tout mondialiser ? Doit-on tout mondialiser ? La question est plus juste ainsi. Essayons d’imager la question. Est-il logique que le travailleur du Poitou mange de la viande anglaise alors que les anglais vont manger de la viande poitevine ? Est-il logique de manger des tomates en hiver, en leurs faisant faire des milliers de kilomètres en bateau ou en camion, alors que des légumes de saison existent et sont aussi bons ?

 

Vous avez compris là où je veux en venir, une certaine forme de protectionnisme est à développer dans le domaine « production/consommation ». Mais plutôt que de parler de protectionnisme, nous pourrions parler de décentralisme et nous revenons de nouveau à l’idée de démocratie au sein d’une économie planifiée. Au niveau mondial, un gouvernement des travailleurs, qui mette en place des objectifs à atteindre, mais qui décentralise les décisions à l’échelle des pays, départements, cantons, communes (qui ne seraient pas nécessairement ceux que l’on connait aujourd’hui). Des assemblées locales décideraient ensuite du nombre de kilos de patates à produire, de combien de professeurs elles ont besoin pour leur territoire propre. Pareil pour le nombre de médecins et de tomates, pour les chaussures et les nourrices. La notion de marché disparait alors, tout est décidé par les populations dans un cadre stratégique définit préalablement au niveau mondial de baisse de la pollution et d’augmentation du bien-être des populations. N’est produit que le strict minimum et ce strict minimum est produit au sein d’un secteur, le plus petit possible, capable de satisfaire l’ensemble des besoins de la population de ce même secteur et de possibles demandes d’autres secteurs proches qui aurait besoin d’un produit spécifique. Que les populations se rassurent, tout le monde aura du poisson, de la viande, du fromage, des livres, des préservatifs, et autres biens nécessaires, mais les déplacements seront beaucoup plus raisonnables. A Limoges on aura du poisson charentais, à Strasbourg du poisson belge ou du nord de la France, et les pétoncles du Pérou cesseront d’être vendus en France sous l’appellation « Coquille St-Jacques » pour le bonheur des péruviens. Une économie cohérente est à construire, mais il est important de toujours lier à la planification économique les populations sans qui le régime deviendrait autoritaire.

 

Si l’on est capable de comprendre la logique qui découle du décentralisme, ou du « protectionnisme écologique et démocratique », l’on ne peut la défendre que dans un cadre internationaliste. Certes, le développement de circuits courts entre le lieu de travail et l’habitation, entre le lieu de production et le lieu de consommation est à développer grâce à une politique d’investissement public exceptionnel et créateur d’emplois (ferroutage, transports en commun gratuits…). Mais ce développement doit être nécessairement le fruit d’une coopération internationale, démocratique, qui permette à l’ensemble de la planète de vivre mieux en sortant des crises écologiques, le préalable pour une autre société.

 

2. L’objectif internationaliste de l’éco-socialisme.

 

L’éco-socialisme dans un seul pays n’est pas un souhait possible. La dimension socialiste de l’éco-socialisme implique le « prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ». Autrement dit, au vu des crises économique, sociale, écologiques, humaine… c’est éco-socialisme ou barbarie ! La formule est facile, mais malheureusement juste, parce que lorsque l’on regarde de près la question écologique, on s’aperçoit que si un changement de politique radical qui aille dans le sens de l’éco-socialisme, ou tout au moins de l’anti-productiviste, ne se profile pas, alors aucun autre système ne sera possible, puisque la vie sur Terre à terme serait alors remise en cause.

 

C’est ce qui fait dire aux éco-socialistes que la question internationale est indispensable. Mais au-delà, puisque nous avons déjà consacré du temps à cette question, il faut essayer de voir l’intérêt social d’une société internationalisée, écologique, et socialiste. « Répondre aux besoins des populations ». Voici le slogan éco-socialiste, automatiquement anticapitaliste. Dans la deuxième partie de mon essai, c’est de cette question que je parle, en expliquant d’abord les différences entre les pays, puis au sein de ces pays, entre les classes, qui elles n’ont pas de pays. Une étude plus profonde est à faire sur la question de la « nation », intéressante dans la lutte contre la pauvreté, notamment celle de masse provoquée par le colonialisme et le néo-colonialisme. Mais sans partir sur cette discussion, nous pouvons déjà regarder de plus près en quoi l’écologie serait bénéfique aux populations.

 

Déjà, nous l’avons expliqué, le premier point bénéfique pour les populations serait la démocratie permanente, qui permettrait que les choix politiques pris directement par la population fassent que cette dernière puisse revenir sur ces potentielles (et très probables) erreurs. Mais d’autres questions sont mises en jeu.

 

Le développement massif d’une agriculture biologique par exemple permettrait de créer plus d’emplois que l’agriculture industrialisée, et permettrait, dans un même temps, d’améliorer la santé des hommes.

 

La suppression de la publicité empêcherait la pollution visuelle au sein de nos villes, empêcherait aussi dans une certaine mesure la déforestation, arrêterait de faire des humains des machines à acheter continuellement et permettrait de ne produire que le strict nécessaire.

 

La sortie du nucléaire donnerait la possibilité d’investir dans la recherche de nouvelles énergies propres ce qui serait pour les jeunes cerveaux de tous les pays un moyen de mettre en commun leurs savoir-faire dans un seul but : l’amélioration de la vie de tous. La sortie du nucléaire créera aussi des emplois pour le démantèlement des centrales. Et en plus, pour une fois, les travailleurs pourront se dire que leur travail sert à la population et ne pollue pas. Chacun serait donc nécessaire à l’autre ce qui implique un respect de chacun envers tous. C’est aussi le cheval de bataille des éco-socialistes, permettre l’épanouissement individuel. Ce dernier passe souvent par la réussite, le travail, les études, l’amour. Ce dernier point semble difficile à cerner, d’ailleurs il ne s’agit d’en cerner aucun. La vie publique et la vie privée doivent être complètement distinct (il ne s’agit pas de créer une police d’Etat qui aille surveiller les habitants jusque dans leurs foyers), mais la vie publique doit permettre à la vie privée de s’épanouir, tout comme la vie privée doit donner à la vie publique un plus, par le bénévolat, le travail, le militantisme, l’art...

 

L’activité au sein de la cité dans une société éco-socialiste, - anticapitaliste -, serait encore plus importante qu’aujourd’hui. La notion de « délégation de pouvoir » devant automatiquement disparaitre pour laisser place à la notion de « pouvoir aux citoyens ». Percevoir cette nuance permet de comprendre qu’une sortie du capitalisme implique une prise de conscience massive des populations qui aille bien au-delà du simple vote et qui permette une irruption citoyenne sur la scène publique, c’est-à-dire politique. Croire que les cadres « démocratiques » des bourgeoisies occidentales seront suffisants pour faire tomber l’Etat bourgeois, c’est un peu comme croire que le Père Noël emmène vraiment les cadeaux sous les sapins des gentils enfants le soir du 24 Décembre. Imageons encore une fois alors, et disons qu’il faudrait mettre le fusil sur la tempe du capitalisme, et contrairement à ce que l’on peut croire, il faudra appuyer sur la détente, car l’on ne peut pas négocier avec un système comme celui-là ; le point de départ d’une possible alternative, c’est de l’abattre.

 

En guise de conclusion : Un autre monde est possible !

 

L’éco-socialisme est possible et la fin du capitalisme est imaginable. Ne cédons pas à l’idée qu’il s’agirait de la fin de l’Histoire, d’un horizon indépassable. Cependant, afin de donner espoir aux peuples du monde entier et surtout, afin de faire comprendre qu’il faut se mettre en mouvement dès maintenant, il est urgent de savoir que nous pouvons obtenir des avancées au sein même du système. Je ne parle pas d’ « éco-socialisme » mais d’avancées, de mieux-être…

 

Dans plusieurs villes les transports en commun gratuits se mettent en place. Le Japon avance vers la sortie du nucléaire, tout comme l’Allemagne. En revanche, ces pays mènent toujours une politique d’exploitation capitaliste. Mais s’ils ont tout de même mis en place des choix « anticapitalistes » c’est parce qu’ils ont été poussés à le faire, grâce à des luttes victorieuses ou malheureusement à cause de catastrophes comme celle de Fukushima…

 

La révolution que nous espérons tant n’est pas nécessairement symbolisée par un grand soir ou un petit matin. Une révolution se construit. C’est pour cela que petit à petit nous devons affaiblir le capitalisme en obtenant des acquis écologiques et sociaux. Cela passe par l’unité de notre camp social sans sectarisme. Nos luttes doivent être les plus larges possibles et nous devons porter nos positions politiques éco-socialistes avec celles et ceux qui y croient.

 

N’ayons pas peur du consensus et du compromis puisque comme je l’ai développé tout au long de cet essai, le capitalisme ne peut accueillir l’anti-productivisme, l’écologie et le socialisme, même réformé avec de véritables réformes de gauche (si tant est qu’il est possible de réformer le capitalisme à gauche). A partir du moment où l’on est conscient de cela, nulle crainte que de s’allier à ceux qui croient encore aux vœux pieux du réformisme de gauche. Bien au contraire, il faut être capable de faire avancer nos revendications, sortir du rang d’éternels minoritaires et croire enfin qu’avec la pertinence de nos positions, basées sur « l’analyse concrète des situations concrètes » et sur des faits scientifiques objectifs par définition, ces dernières ne pourront s’avérer que pertinentes et victorieuses dans l’épreuve des faits.

 

Quelques pistes pour prolonger la reflexion :

 

Ecosocialisme. L’alternative radicale à la catastrophe écologique capitaliste. Michael Lowy. Ed. Mille et une Nuits. Ecologica. André Gorz. Paris, Galilée, 2008. La décroissance est-elle souhaitable ? Stephane Lavignotte. Paris, Textuel, 2012. L’impossible capitalisme vert. Daniel Tanuro. Paris, La découverte, coll. "Les empêcheurs de tourner en rond", 2010.

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